Le Dr François CHERIFI, chef de clinique en oncologie médicale au Centre Baclesse, a présenté lors d’un mini-oral à l’ESMO 2024 à Barcelone, son étude PROMENADE : « PembROlizuMab for early ER-low/HER2- breast caNcer, reAlworlD frEnch cohort ». Le congrès de l’ESMO est un évènement international annuel majeur dans le domaine de l’oncologie. Il offre une plateforme pour la présentation des dernières recherches, des innovations en matière de traitements, ainsi que des discussions sur les meilleures pratiques en soins du cancer.
« PROMENADE » : étude d’un cancer rare
Cette étude s’est intéressée à un groupe de 114 femmes atteintes de cancer du sein triple négatif exprimant faiblement les récepteurs hormonaux, une sous-population rare dans ce type de cancer. Elle a été réalisée dans 12 CLCC (Centres de Lutte contre le Cancer) en France dont le Centre Baclesse fait partie.
L’étude s’est concentrée sur un sous-groupe de ce cancer, avec une très faible expression des récepteurs hormonaux (entre 1 et 9 %), représentant moins de 10 % des cas.
L’objectif de l’étude était d’évaluer si l’ajout d’un médicament appelé Pembrolizumab, qui stimule le système immunitaire (ou immunothérapie), à la chimiothérapie néo-adjuvante habituelle avant la chirurgie améliorait les résultats des patientes.
En France, l’utilisation du Pembrolizumab en association à une chimiothérapie en néo-adjuvant (avant la chirurgie), dans cette indication est autorisée en accès précoce depuis mars 2022 grâce à l’essai KEYNOTE-522. Cet essai avait démontré une augmentation significative de la disparition totale de cellules cancéreuses au moment de la chirurgie appelé réponse pathologique complète (pCR) et la survie sans progression chez les patientes atteintes d’un cancer du sein triple négatif précoce à haut risque.
Des différences de critères selon les pays
Les critères de définition des niveaux d’expression des récepteurs hormonaux varient entre la France et les États-Unis. Aux Etats-Unis, on considère un cancer triple négatif si l’expression des récepteurs hormonaux est strictement inferieure a 1%, mais en France notre limite pour définir un cancer du sein triple négatif est une expression de récepteur aux hormones inférieure à 10%.
En France, un cancer du sein est considéré comme « ER-low » ou exprimant faiblement les récepteurs hormonaux, s’il a un taux compris entre 1 et 9 % d’expression. Nous appliquons donc une tolérance plus élevée pour les récepteurs hormonaux par rapport à d’autres pays. Les études réalisées antérieurement sont par ailleurs uniquement basées sur des patientes dont le niveau d’expression des récepteurs hormonaux est strictement inférieur à 1%.
Des résultats prometteurs
L’étude « PROMENADE » met en évidence un grand taux de disparition complète de cellule cancéreuse lors de l’opération après traitement avec de l’immunothérapie pour les patientes avec une faible expression des récepteurs hormonaux.
Les résultats de l’étude montrent donc que l’association du Pembrolizumab à la chimiothérapie apporte des bénéfices significatifs pour les femmes présentant ce type de cancer. Cela pourrait amener à reconsidérer les pratiques de traitement, notamment aux États-Unis, où ce type de patientes n’a pas encore accès à l’immunothérapie.
Cela amène également une réflexion autour des critères pour orienter vers l’immunothérapie dans ces cancers du sein rares. Ils prouvent également que l’utilisation de l’immunothérapie en France pour les cancers du sein « ER-Low » est justifiée et bénéfique pour les patientes.
« Les résultats de l’étude « PROMENADE » confortent nos pratiques actuelles d’utilisation de l’immunothérapie dans ce sous-groupe rare. Il est important de poursuivre des études plus fondamentales afin de mieux identifier les patientes pouvant bénéficier de ces traitements novateurs/innovants. », souligne le Dr François CHERIFI
« Être retenu pour une présentation orale à l’ESMO est une marque de reconnaissance importante. Le processus de sélection est compétitif, car de nombreux chercheurs soumettent leurs travaux. Les comités d’évaluation examinent rigoureusement la qualité, l’originalité et l’impact potentiel des études, ce qui rend la sélection exigeante. Cette intervention en session orale au congrès de l’ESMO témoigne de la qualité du travail du Dr CHERIFI, mettant en lumière des recherches novatrices reconnues par des experts internationaux et illustrant ainsi l’excellence du Centre Baclesse dans le domaine de l’oncologie. » explique le Dr George EMILE, oncologue médical et responsable de l’unité SEIN au Centre Baclesse.
Qu’est-ce que le cancer du sein triple négatif ?
Le cancer du sein triple négatif se distingue des autres cancers du sein plus fréquemment rencontrés, par le fait qu’il ne possède aucun des 3 récepteurs principaux, à savoir :
- Le récepteur à l’œstrogène (RE ou RO)
- Le récepteur à la progestérone (RP)
- Le récepteur HER2
RH : Pour récepteurs Hormonaux, regroupant les récepteurs à l’œstrogène et à la progestérone.