Votre oncologue vous a annoncé que vous aviez un cancer de la prostate. Ces informations vous aideront à mieux comprendre votre prise en charge.
Qu’est-ce qu’un cancer de la prostate ?
Le cancer de la prostate se développe à partir de cellules prostatiques normales, qui se transforment et se multiplient de façon anarchique, formant une masse appelée tumeur maligne qui évolue avec le temps.
Selon l’avancée de la maladie, on parle de :
- Cancer localisé : lorsque la tumeur reste dans la prostate,
- Cancer localement avancé : lorsque la tumeur s’étend au de la prostate vers les organes adjacents
- Cancer métastatique : lorsque le cancer s’est propagé à d’autres organes éloignés de la prostate (par exemple l’os ou le foie).
La prostate, quel est son rôle ?
La prostate est une glande génitale masculine située dans le petit bassin sous la vessie et devant le rectum. Elle a la forme d’une châtaigne et pèse environ 20/25 grammes. Son développement débute à la puberté sous l’influence des hormones sexuelles masculines.
Son rôle principal est de produire le liquide prostatique qui joue un rôle dans la survie, la maturation et la mobilité des spermatozoïdes. Le développement et le fonctionnement de la prostate sont influencés par les hormones masculines (testostérone), fabriquées dans les testicules.
La prostate entoure l’urètre, qui est le conduit par lequel l’urine et le sperme sont évacués du corps.
Avec l’âge, elle peut être le siège du développement d’une tumeur.
Ce cancer est-il fréquent ?
Le cancer de la prostate localisé est le cancer le plus fréquent chez l’homme, représentant 25 % des cancers masculins. Il s’agit le plus souvent d’un cancer d’évolution lente, associé au vieillissement. Il peut être totalement silencieux (sans aucun symptôme) ou responsable de troubles urinaires (difficulté à uriner, envie plus fréquente), de troubles de l’érection ou d’une sensation de lourdeur dans le bas-ventre.
Rare avant 50 ans, son incidence augmente progressivement avec l’âge. L’âge moyen au moment du diagnostic est de 68 ans. Le cancer de la prostate, quand il est diagnostiqué à un stade localisé, est un cancer en général de bon pronostic : près de 90 % des cancers de la prostate sont en rémission à 5 ans.
Comment faire le diagnostic ?
L’examen clinique :
L’examen clinique implique souvent un examen rectal digital (ERD). Le médecin recherche des irrégularités, des zones dures ou des nodules suspects qui pourraient indiquer un cancer. Bien que cet examen soit utile, il n’est pas suffisant pour poser un diagnostic définitif.
Le dosage du PSA :
PSA est un sigle anglais qui signifie « Prostate Specific Antigen », ce que l’on peut traduire par : antigène spécifique de la prostate. C’est une protéine naturellement produite par la prostate.
Le dosage du PSA consiste à mesurer la concentration dans le sang de cette protéine. Son taux augmente en cas de cancer, mais aussi d’infection ou d’adénome de la prostate.
A lui seul, le dosage de PSA ne permet pas d’établir un diagnostic de cancer. Si besoin, le médecin prescrira des examens complémentaires pour préciser la présence ou non d’un cancer. L’examen clinique se fait par voie rectale, via un toucher rectal.
Imagerie et biopsie de la prostate
Pour faire le diagnostic formel de ce cancer, il faut réaliser des prélèvements d’échantillon de tissus prostatique, guidés par des examens d’imagerie (échographie, IRM de prostate) : ce sont les biopsies de prostate. La biopsie permet de déterminer non seulement la présence de cancer, mais aussi son grade (évalué par le système de Gleason) et son stade (qui décrit l’étendue du cancer).
Quels sont les traitements ?
Plusieurs options thérapeutiques sont possibles et choisies en fonction de votre âge, de votre état général et du degré d’extension et d’agressivité de la maladie. Les options thérapeutiques sont discutées en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) qui rassemble plusieurs professionnels (oncologues, radiothérapeutes, chirurgiens, etc.) pour vous proposer le traitement le plus adapté, avec la possibilité de plusieurs modalités de traitements.
Dans certains cas, si le cancer est très localisé sans cellule agressive sur les biopsies, aucun traitement n’est envisagé dans un premier temps. Une surveillance régulière (clinique et du PSA) est alors mise en place, du fait de l’évolution lente de la maladie. On parle de surveillance active.
Dans les autres cas, un ou plusieurs traitements combinés peuvent être envisagés, toujours en fonction de chaque situation.
Les différents traitements utilisés dans le cancer de la prostate comprennent :
- La chirurgie ;
- La radiothérapie ;
- L’hormonothérapie ;
- La chimiothérapie.
La chirurgie
Elle consiste en une ablation totale de la prostate, c’est la prostatectomie totale, plus ou moins associée à l’ablation des ganglions de la région. Il peut s’agir d’une chirurgie classique ou d’une intervention par cœlioscopie ou par robot. La chirurgie se fait sous anesthésie générale.
La chirurgie occasionne fréquemment des effets secondaires :
- Le risque de troubles érectiles en particulier est relativement important. Ce risque est lié à la résection des nerfs qui contrôlent l’érection et qui sont localisés intimement au contact de la prostate. Ces troubles peuvent s’atténuer avec le temps, cependant ils sont souvent difficiles à vivre et à accepter. Des aides avec des solutions peuvent être envisagées.
Au Centre Baclesse, vous pouvez recourir à une consultation d’onco-sexualité pour vous aider à comprendre et à trouver des solutions. - Une incontinence urinaire peut également apparaître après l’intervention mais ces fuites urinaires sont souvent transitoires et disparaissent le plus souvent quelques semaines après l’intervention. Une rééducation avec kinésithérapie peut être proposée pour améliorer ce trouble.
La radiothérapie
Elle peut s’effectuer par voie externe à travers la peau, c’est la radiothérapie externe. Elle consiste à délivrer des rayons de forte énergie sur la tumeur afin de la détruire. Ce traitement s’étale sur plusieurs semaines avec des séances de traitement quotidiennes.
La radiothérapie externe peut entraîner un risque d’inflammation du rectum (qui se traduit le plus souvent par de la diarrhée) pendant le traitement, associé à une irritation vésicale (envie fréquente et brûlure en urinant). Ces troubles s’améliorent après le traitement dans la majorité des cas. IL est également observé des troubles de l’érection 12 à 18 mois après le traitement.
La radiothérapie peut également se faire par voie interne, c’est la curiethérapie. Celle-ci consiste en une implantation de petits grains radioactifs dans la prostate. La curiethérapie entraîne également une irritation vésicale, des dérangements intestinaux et des troubles de l’érection qui disparaissent cependant à court terme.
L’hormonothérapie
Le cancer de la prostate est un cancer dit hormonosensible, c’est-à-dire que son développement est stimulé par les hormones masculines : les androgènes et plus particulièrement la testostérone.
L’hormonothérapie consiste à contrer l’action des hormones masculines qui favorisaient la croissance des cellules cancéreuses et à stopper le développement du cancer.
Il existe plusieurs médicaments d’hormonothérapie. Le choix du traitement est fait en fonction de l’évolution du cancer. Ces traitements sont donnés, soit de façon transitoire sur une période donnée en complément d’un traitement local, soit au long court en cas de maladie plus avancée.
Les effets indésirables suivants sont communs aux différents types d’hormonothérapie :
- bouffées de chaleur
- troubles de l’érection
- baisse de la libido
- prise de poids
- diminution de la masse osseuse (ostéoporose)
- gonflement et sensibilité de la poitrine (gynécomastie)
- irritabilité
- diminution de la masse musculaire
Un parcours d’accompagnement personnalisé dans la mise en place d’une hormonothérapie de seconde génération est disponible au Centre Baclesse. Ce parcours est ouvert à tous les patients suivis en radiothérapie ou en oncologie médicale et bénéficiant d’une prescription d’hormonothérapie de seconde génération.
La chimiothérapie
Une chimiothérapie peut être indiquée en cas de cancer avancé de la prostate, en association à l’hormonothérapie. La mise en route d’un traitement par chimiothérapie est discutée par votre équipe médicale en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).
Les autres traitements
D’autres modalités de traitement débutent comme la radiothérapie métabolique (=radiothérapie interne vectorisée). Ces traitements, comme le « Lutétium 177-PSMA-617 », se composent d’une molécule vectrice permettant de cibler les cellules cancéreuses et d’un élément radioactif émettant un rayonnement ayant vocation à détruire l’ensemble des cellules cancéreuses. Ils peuvent être proposés en cas de cancer avancé.
De même, d’autres traitements ciblant la réparation des cellules sont depuis récemment disponibles (dans le cas d’un cancer avancé).
Les essais cliniques
Les progrès dans le domaine de la connaissance de la maladie et des traitements ont amélioré considérablement le pronostic de la maladie.
L’équipe d’oncologie médicale du Centre Baclesse pourra également vous proposer de nouveaux médicaments prometteurs dans le cadre de programmes d’accès à l’innovation thérapeutique, développés à l’échelle nationale ou internationale. Ainsi, vous pourrez participer à un essai thérapeutique, lorsqu’un médicament ou une technique innovants semblent adaptés à votre situation, et avant même qu’ils ne soient disponibles en routine.
Les soins oncologiques de support
Les soins oncologiques de support correspondent à toutes les approches ou traitements vous permettant de mieux tolérer les traitements et de mieux vivre la situation difficile que vous traversez.
POUR RAPPEL
L’Espace de Rencontres et d’information (ERI) du Centre Baclesse est à votre disposition et peut vous orienter vers les associations d’aide et de soutien.