Les représentants caennais au congrès PTCOG62 (de gauche à droite) : Virgile LETELLIER (Normandy Hadrontherapy), Christophe LEFOLL (Normandy Hadrontherapy), Siamak HAGHDOOST (Université de Caen), C. LAURENT (Centre Baclesse), J.-L. HABRAND (Centre Baclesse), Juliette THARIAT (Centre Baclesse), Sigal BEN PELI (KENES).
Le congrès du PTCOG (Particle Therapy COoperative Group), organisation mondiale à but non lucratif regroupant des scientifiques et des professionnels intéressés par la radiothérapie aux protons, aux ions légers et aux particules lourdes, s’est déroulé du 10 au 15 juin 2024, à Singapour.
Cette 62e édition rassemblait la communauté de tous les professionnels (médecins, physiciens, biologistes, industriels, gestionnaires) impliqués dans la discipline. Semestriel à son lancement en 1985 puis annuel, son audience a fortement augmenté au milieu des années 2000, coïncidant avec un intérêt marqué de la communauté médicale pour la protonthérapie, ses avancées technologiques et l’élargissement progressif de ses indications.
La mission du PTCOG est de promouvoir la science, la technologie et les applications cliniques pratiques de la thérapie par particules, dans le but d’améliorer le traitement du cancer selon les normes les plus élevées possibles en radiothérapie.
Quelques 2300 personnes ont participé au congrès cette année, en dépit de la localisation lointaine de l’équipe d’accueil.
Un programme complet
Partagé entre deux jours d’enseignement, trois jours de congrès scientifique, suivis d’une visite de site. L’organisation comportait, en parallèle, les activités d’une vingtaine de sous-comités (par pathologies d’organe et par thématiques) qui matérialisent la vitalité de cette discipline. L’année 2024 marquera une nouvelle étape dans la place de la protonthérapie en ORL (cancer de l’oro-pharynx), par la publication d’un essai randomisé (phase III) américain, piloté par SJ. FRANK (MDA Houston) et coll., dont la réduction significative de multiples toxicités aigues graves permise par les protons, est le message essentiel.
Parmi les autres communications cliniques marquantes, nous avons également retenu les combinaisons de l’immunothérapie aux hadrons, en particulier ions carbone, dont les effets propres, au voisinage ou à distance du site irradié, semblent se confirmer, les travaux japonais dans le cancer du pancréas, le raffinement des études de protonthérapie pédiatrique (corrélation des séquelles cognitives et celles dysmorphiques du visage avec des sous-structures anatomiques irradiées).
Une discipline en pleine évolution
Parmi les multiples évolutions technologiques de la discipline : l’arc thérapie (déjà déployée en photothérapie X) améliore la conformation et le temps de traitement, le recours à des logiciels de dosimétrie tenant davantage compte de l’impact biologique (par l’intermédiaire du TEL et de l’EBR) et l’intégration de l’Intelligence Artificielle (IA) pour prédire l’évolution clinique du malade.
Les représentants caennais se sont impliqués dans les sessions orales et de posters, ainsi que l’obtention d’un « Research Grant For Medicine, 2024 ». Enfin, ce congrès reste, une fois de plus, un lieu privilégié d’échanges professionnels avec les autres équipes françaises et étrangères.
Le PTCOG publie ses travaux dans une revue dédiée référencée, ELSEVIER (Jnal of Particle Therapy). Ses prochains congrès organisés avec la participation de KENES (Genève), groupe organisateur de congrès internationaux, se tiendront à Buenos Aires du 2 au 7 juin 2025, à Caen et Deauville du 8 au 13 juin 2026, et à Bangkok en 2027. L’assemblage du cyclotron supraconducteur C400, suivi de ses premiers faisceaux d’ions, devraient nous attirer, en 2026, une audience exceptionnelle.
L’annonce de l’ouverture de nombreuses installations en Europe et dans le monde (dont le nouveau centre argentin qui accueillera le PTCOG en 2025) et de fédérations à l’échelle continentale (PTCOG North-America, PTCOG Asia) démontre l’engouement pour cette discipline.
En savoir plus
L’hadronthérapie est une radiothérapie externe qui utilise un faisceau de particules lourdes :
- Des protons (protonthérapie)
- Des neutrons (neutronthérapie)
- Des ions lourds, ions carbone principalement (carbonethérapie)
Le but de cette technique est d’améliorer l’irradiation des cellules tumorales tout en épargnant les tissus sains et les organes. En effet, les protons ont des propriétés de précision balistique supérieures à celles des photons.
Depuis août 2018 des patients sont pris en charge à Caen pour leur traitement par protonthérapie par le service de Radiothérapie du Centre Baclesse sur le site Cyclhad du Centre de protonthérapie de Normandie. Il s’agit du troisième site en France où est proposée cette modalité thérapeutique, après les Centre d’Orsay (Ile-de-France) et de Nice.
