Le Centre Baclesse, acteur majeur de la cancérologie en Normandie, célèbre un jalon historique : son centenaire. Officiellement créé le 15 octobre 1925, l’établissement célèbre un siècle d’engagement et de lutte contre le cancer, de recherche et de soins. L’anniversaire se clôture avec la réaffirmation de la philosophie qui forge son ADN : “Le Centre Baclesse, tout un art de vie”.
100 ans d’histoire et d’innovation au service des patients
Le 15 octobre 1925, le Centre Anticancéreux de Caen ouvrait ses portes dans le pavillon 2 de l’Hôpital Clémenceau. Il fut l’un des premiers établissements français entièrement dédiés à la lutte contre le cancer, né de la volonté nationale de structurer la réponse à cette maladie et de l’engagement local du Conseil Général du Calvados et du mécène le baron Maurice GÉRARD, qui finança l’achat de radium pour les premiers traitements.
Le Centre se distingue très tôt par la combinaison de soins, de recherche et d’enseignement sur un même site. Les patients bénéficient d’équipements modernes fournis par le laboratoire de Marie CURIE, et dès 1933, un laboratoire de recherches scientifiques est inauguré. Malgré les difficultés liées à la Seconde Guerre mondiale, le Centre retrouve sa pleine capacité après 1944, renforcé par les directives de l’ordonnance du 1er octobre 1945, signée par le Général DE GAULLE. Celle-ci institue les Centres de lutte contre le cancer comme établissements privés à but non lucratif participant au service public, pouvant recevoir dons et legs et disposant d’une gouvernance impliquant le préfet de Région et le ministre de la Santé.
Au fil des décennies, le Centre Anticancéreux de Caen se développe, modernise ses équipements et ses techniques, et devient Centre François Baclesse en 1970, en hommage au Dr François BACLESSE, pionnier de la radiothérapie moderne. Ses travaux, notamment sur le cancer du sein, ont permis d’ouvrir la voie aux traitements conservateurs et aux progrès de la radiothérapie.
Pour le Pr Roman ROUZIER, directeur général :
“Célébrer nos 100 ans, c’est avant tout une fierté immense de voir les progrès accomplis. Ce centenaire reflète un siècle d’innovations constantes, mais le véritable moteur de ces avancées, ce sont les équipes et les professionnels du Centre. Leur engagement quotidien et leur sentiment d’appartenance sont le cœur battant de notre établissement.”
Un centenaire placé sous le signe de l’art, de l’histoire et du partage
Cette année, le Centre Baclesse a voulu partager son histoire et ses valeurs avec l’ensemble de ses publics. Une exposition immersive a été installée dans le hall du Centre, avec 12 panneaux retraçant l’évolution des missions de soins, de recherche et d’enseignement, accompagnés de vidéos de témoignages.
La web-série “Regards croisés” illustre quant à elle le lien entre passé et présent, en confrontant les expériences d’anciens professionnels du Centre avec celles des collaborateurs qui occupent aujourd’hui les mêmes fonctions. Ce projet met en lumière la continuité et la transmission des savoirs dans un établissement en constante évolution.
Un tout nouveau site web spécial “100 ans” a été développé. Il retrace le parcours du Centre Baclesse, marqué par la science, la résilience et l’humanité. Découvrez les moments clés qui ont marqué la progression de nos missions de soin, d’enseignement et de recherche en cancérologie.
Le grapheur caennais SoLiCe et la soprano Sabine DEVIEILHE incarnent, avec leurs disciplines respectives, la rencontre entre créativité, humanisme et engagement scientifique. SoLiCe a réalisé plusieurs fresques monumentales sur le site, avec la participation active de plus de 250 salariés, illustrant le rôle de la collaboration et du sentiment d’appartenance dans la vie du Centre. Sabine DEVIEILHE a donné un concert lors du dîner caritatif du 19 juin 2025 et a offert également des moments musicaux dans le service d’hospitalisation du 7e étage.
Pour Michael CANOVAS, directeur général adjoint :
“L’héritage le plus précieux du Centre Baclesse est son ancrage territorial et les valeurs fortes que nous défendons depuis 100 ans : la solidarité, l’humanisme, l’excellence et l’innovation. Ce modèle singulier, agile et évolutif nous permet de rester fer de lance de la lutte contre le cancer, tant en matière de recherche que dans l’organisation des parcours de soins.”
Le Dr Carine SEGURA-DJEZZAR, présidente de la CME ajoute :
“En tant que communauté médicale, nous mesurons l’ampleur des progrès fantastiques réalisés en oncologie. Ce centenaire est celui de l’innovation constante dans un environnement humaniste, une histoire écrite pour et avec les patients.”
Pourquoi le Centre s’appelle-t-il “Centre François Baclesse” ?
C’est une question que nous posent souvent les patients et visiteurs…
Lors de leur création au début du XXe siècle, les centres de lutte contre le cancer de France ont décidé de rendre hommage aux pionniers en prenant le nom d’un scientifique ayant fait avancer la recherche et le traitement du cancer. Le Dr Jacques-Séverin ABBATUCCI, directeur du Centre en 1970, a ainsi proposé que le CAC prenne le nom de “Centre François Baclesse”, en hommage au Dr François BACLESSE (1896-1967).
Né le 26 avril 1896 à Bettembourg, dans le Grand-Duché de Luxembourg, François BACLESSE fait ses études de médecine à Paris et passe son concours d’internat en 1920. Intéressé par la radiologie, il travaille dans le service du Dr Joseph BELOT à l’Hôpital Saint-Louis et suit l’enseignement du Certificat spécial organisé à la Faculté de Médecine. Les cours sur l’emploi des rayonnements ionisants dans le traitement des affections cancéreuses sont assurés par le Pr Claudius REGAUD.
En 1926 il est médecin à la Fondation Curie.
Les travaux de François BACLESSE contribueront au développement de la radiothérapie moderne, en démontrant notamment les possibilités de la radiothérapie dans diverses grandes localisations de la maladie cancéreuse. Ses publications, mondialement connues, ont concerné les cancers du larynx, de l’utérus, du sein et les sarcomes osseux.
Dans le cancer du sein, le Dr BACLESSE est à l’origine des progrès modernes dans la conception des traitements conservateurs. Il prouvera la curabilité locale du cancer du sein par la radiothérapie seule, en établissant des corrélations entre le volume tumoral et la dose à administrer, celle-ci variant avec son étalement et son fractionnement.
Gilbert H. FLETCHER du M.D. Anderson Institute de Houston (USA), dont il fût le maître, dira de lui :
“Indubitablement, François BACLESSE a démontré que le cancer du sein pouvait être éradiqué par la seule radiothérapie. On n’insistera jamais assez sur l’importance de ce concept, car il mit fin au mythe de la soi-disant radio-résistance du cancer du sein… BACLESSE offre l’exemple d’un chercheur dont l’intuition clinique et l’observation soigneuse des patients pendant de longues années, ont permis un progrès sensible dans le traitement du cancer”. (in Médecine en Hygiène n° 1021 – 30 août 1972)
Il décède le 11 novembre 1967.
